2020
Owen Boukamel
« Études sur la capacité d'innovation des organisations publiques »
Jury de thèse : Prof. Yves Emery,Prof. Martial Pasquier, Prof. Anne Rousseau, Prof. François Pichault
L’ambition de la thèse de Owen Boukamel est d’apporter des éclairages complémentaires sur la nature et le développement de la capacité d’innovation au sein des organisations publiques. Elle est composée de sept articles scientifiques, ainsi que d’un manuel.
Les administrations publiques contemporaines sont confrontées à de nombreux problèmes d’une ampleur sans précédent et pour lesquels aucune solution « simple » existe (Head et Alford, 2013) : les inégalités sociales, le réchauffement climatique, la révolution numérique – pour ne citer que ceux-là. En parallèle, elles subissent depuis une quarantaine d’années, des pressions budgétaires toujours plus importantes (Pollitt et Bouckaert, 2011) rendant la résolution des problèmes auxquels elles sont confrontées plus difficile (Albury, 2005). Pour faire face à tous ces défis, elles sont amenées à inventer de nouvelles manières de produire l’action publique, en d’autres termes, à innover (de Vries, Bekkers, et Tummers, 2016).
L’innovation publique n’est pas un phénomène nouveau. Chaque époque prétend rompre avec la précédente (Emery, 2000). Cependant, elle était jusque-là principalement imaginée et développée en dehors des organisations publiques, notamment au niveau des instances politiques ou du secteur privé. Les organisations publiques jouaient surtout le rôle d’exécutantes des décisions qui étaient prises pour elles. Beaucoup d’entre elles sont encore d’ailleurs dans cette logique. Même lorsqu’elle émane de ces organisations publiques, l’innovation relève souvent plus de « l’incrémentalisme hasardeux », ou d’un effort ponctuel en réponse à une crise, que d’une véritable démarche systématique, structurée et consciente (Bason, 2010, p. 21). La nouveauté réside donc dans le fait que, de plus en plus, il est attendu que ce soit les organisations publiques elles-mêmes qui imaginent et développent l’innovation. Or, cela suppose qu’en sus des activités de fourniture de services publics qui leur reviennent, ces organisations apprennent à innover. En d’autres termes, qu’elles développent un savoir-faire collectif de l’innovation (Meijer, 2018). Il s’agit de la capacité d’innovation publique, concept au centre de cette thèse.
Comme l’innovation publique n’est appelée à se généraliser que depuis une vingtaine d’années seulement, le concept de capacité d’innovation publique, même s’il est supposé être un formidable vecteur d’innovation publique (Farazmand, 2009 ; Piening, 2013), n’a pas encore été suffisamment décrit. Sa nature et ses mécanismes sont encore peu connus (Gieske et al., 2016).
Or, le secteur public présente de nombreuses spécificités qui suggèrent que la capacité d’innovation publique n’est pas en tout point identique à celles des entreprises privées. Par exemple, la plupart du temps, l’innovation dans le secteur public n’est pas motivée par la pression concurrentielle comme elle l’est dans le secteur privé (Nelson et Winter, 1982). Elle trouve son origine dans d’autres ambitions : améliorer la qualité des services, leur quantité ou gagner en efficience et en définitive, créer de la valeur publique (Mintrom et Luetjens, 2017). Pour toutes ces raisons, qui sont loin d’être exhaustives, le concept de capacité d’innovation publique semble constituer un phénomène à part entière et qui mérite qu’on s’y intéresse davantage.
À travers sa thèse, Owen Boukamel contribue à la connaissance générale sur ce concept et son développement.
Aurélia Buchs
« Fiscal Performance and Electoral Accountability The Case of Finance Ministers in Swiss Cantons »
Jury de thèse : Prof. Nils Soguel, Prof. Christian Thoeni, Prof. Reiner Eichenberger, Prof. Pascal Sciarini
La thèse étudie l'effet de la situation financière cantonale sur la réélection des ministes des finances. L’étude a été réalisée grâce à un intensif travail de recherche de données permettant des analyses quantitatives avancées de 220 élections cantonales sur la période 1980 – 2018. Pour l’aspect qualitatif, la thèse a été enrichie par la réalisation d’une vingtaine d’interviews réalisées avec des ministres des finances cantonaux actuellement ou anciennement élu.e.s. Le but de ces entretiens était de discuter l’argumentation théorique employée mais aussi de la comparer à leurs expériences personnelles acquises durant la fonction. Les résultats des analyses montrent que l'équilibre des comptes ainsi qu'une réduction de la dette se traduit par une augmentation significative du pourcentage de voix obtenu par un ministre des finances. En comparaison, la situation financière cantonale ne semble pas affecter les résultats électoraux des ministres des dépenses. Cela indique une attribution différenciée de la situation financière aux différents ministres sortants. Cette thèse démontre donc que les votants tiennent les ministres des finances responsables de la situation financière cantonale.
En outre, l'effet des finances publiques sur la réélection des ministres des finances s’avère être conditionné par les préférences fiscales. Par exemple, l'effet est plus prononcé dans les collectivités au sein desquelles la proportion de propriétaires est plus élevée. D'autre part, il apparait que l'assainissement des finances publiques est un facteur toujours plus considérés par les votants pour la réélection d’un ministère des finances depuis les années 2000. Cela est mis particulièrement en perspective par un changement statistiquement significatif des préférences fiscales dans les cantons latins. Dans l'ensemble, les résultats suggèrent un niveau de sophistication élevé du comportement de vote des citoyens.
Alexander Haus
« Schweizer Stadt- und Gemeindeverwaltungen im Wandel: Public Management Reformen und deren Auswirkungen »
Jury de thèse : Prof. Andreas Ladner, Prof. Yves Emery, Prof. Daniel Kübler, Prof. Isabella Proeller
Die Dissertation mit dem Titel Schweizer Stadt- und Gemeindeverwaltungen im Wandel: Public Management Reformen und deren Auswirkungen» befasst sich mit privatwirtschaftlich orientierten Reformen in öffentlichen Verwaltungen, wie zum Bespiel der strategischen Planung, der Leistungslohnsysteme oder der ziel- und ergebnisorientierten Verwaltungssteuerung. Mitte der 1990-er Jahre fanden neoliberal geprägte Neuerungsansätze in Form von New Public Management in den Städten und Gemeinden Eingang. Im Wesentlichen forderten diese eine Abkehr von schwerfälligen, bürokratischen Strukturen hin zu einer Verwaltungsführung nach modernen Unternehmensgrundsätzen mit einer konsequenten Dienstleistungs- und Ergebnisorientierung. Obwohl solche Reformen über Jahre in lokalen Verwaltungen empirisch beobachtet wurden, gibt es kaum Studien, welche sich den Stadt- und Gemeindeverwaltungen widmen und die Konsequenzen dieser Veränderungen vergleichend untersuchen. Dies gilt insbesondere für die Schweiz. Im Zentrum des Dissertationsprojektes standen deshalb die Fragen, wie lokale Verwaltungen heute ausgestaltet sind, welcher Managementreformen eingeführt werden und welche Effekte von diesen Reformen ausgehen. Zur Beantwortung der Forschungsfragen diente die gesamtschweizerischen Gemeindebefragung im 2017, an der rund 85 Prozent aller Städte und Gemeinden teilgenommen hat sowie Tiefeninterviews mit Gemeindepräsidenten und Verwaltungsleitern. Die Resultate dieser vergleichenden Forschungsarbeit zeigen auf, dass die lokalen Verwaltungen sehr unterschiedlich organisiert und meistens sehr klein sind mit durchschnittlich 7.8 Vollzeitäquivalenten. Die Westschweizer Verwaltungen umfassen am wenigsten Personal mit 4.8 Vollzeitäquivalenten. Sie übernehmen aber auch weniger Aufgaben als Verwaltungen in der Deutschschweiz und im Tessin. Weiter legen die Ergebnisse dar, dass heute zahlreiche lokale Verwaltungen zumindest teilweise nach unternehmensähnlichen Prinzipien arbeiten, vor allem in der Deutschschweiz und in den Städten. In kleineren Gemeinden sowie in der französischen und italienischen Schweiz dominiert das traditionelle regelbasierte Bürokratiesystem etwas stärker. Die Studie legt weiter dar, dass verschiedene positive Effekte von diesen Reformen ausgehen. So können die strategische Planung und die stärkere Kundenorientierung die höhere Effektivität und Leistungsfähigkeit der Verwaltung verbessern. Alles in allem weisen die Ergebnisse der Dissertation darauf hin, dass die Einführung von Managementreformen in lokalen Verwaltungen – rund zwei Dekaden nach dem Aufkommen von New Public Management - eine Erfolgsgeschichte sind in der Schweiz. Die Studie leistet in zweifacher Hinsicht einen substantiellen Beitrag an die Verwaltungsforschung: Zum einen zählt sie zu den ganz wenigen empirischen Arbeiten in Europa und der Schweiz, welche sich mit den Wirkungen von Managementreformen empirisch auseinandersetzen. Andererseits zählt sie zu den sehr seltenen vergleichenden Studien, welche über mehrere Sprachgrenzen hinweg Reformen analysieren. Sie kann damit sprachkulturelle Unterschiede aufzeigen kann, welche gerade im europäischen Forschungskontext sehr wertvoll sind.
Jacopo Klaus
Jury de thèse : Prof. Katia Horber-Papazian, Prof. Stéphane Nahrath, Prof. Antonio Da Cunha, Dr. Maria Lezzi
Contexte | L’étalement urbain a augmenté régulièrement en Suisse dans les dernières décennies. Il se manifeste à travers l’augmentation des surfaces construites, l’augmentation de leur degré de dispersion et une utilisation peu efficiente de la ressource sol. Dans une perspective de développement urbain durable, les discours et les pratiques en faveur de la densification urbaine se sont développés dans les dernières décennies. Les politiques de densification posent toutefois plusieurs défis liés au maintien de la qualité de vie en ville et au consensus au sein des coalitions d’acteurs locaux autour des nouvelles planifications territoriales. En Suisse, la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) révisée en 2012 est entrée en vigueur en 2014. Elle contient des dispositions désormais plus contraignantes pour les cantons et les communes en matière de lutte contre l’étalement urbain. Elle exige notamment des cantons que dans leur plan directeur, ils définissent de manière plus précise la taille totale et la répartition spatiale des zones à bâtir. Elle implique donc une centralisation des décisions du niveau cantonal au niveau fédéral et du niveau communal au niveau cantonal. Par conséquent, la révision de la LAT entraîne une réduction de la marge de manœuvre cantonale et communale.
Objectifs et design de recherche | Cette recherche remplit trois objectifs principaux : investiguer le rôle de certaines conditions institutionnelles (marge de manœuvre communale et fragmentation institutionnelle) dans la production de l’étalement urbain ; documenter l’évolution des instruments cantonaux et communaux de maîtrise de l’urbanisation suite à la révision de la LAT ; discuter l’efficacité de différents instruments cantonaux et communaux en référence à l’expérience passée. À cet effet, un design de recherche concomitant et multi-niveaux s’appuyant sur des méthodes mixtes a été mobilisé. Il comprend une forte dimension comparative inter-cantonale et inter-communale.
Principaux résultats | Au niveau cantonal, les résultats d’une analyse fuzzy-set QCA ont montré le rôle central joué dans la production de l’étalement urbain par la combinaison d’une marge de manœuvre communale élevée, d’une fragmentation institutionnelle élevée et des zones à bâtir surdimensionnées. Des analyses documentaires et juridiques ont permis de documenter l’introduction de nouveaux instruments de maîtrise de l’urbanisation et le renforcement de ceux déjà existants. Finalement, des entretiens avec les aménagistes cantonaux ont permis d’illustrer les difficultés politiques et techniques rencontrées lors de la mise en œuvre de la révision de la LAT. Au niveau communal, l’approfondissement de cinq cas communaux a montré la sensibilité des acteurs locaux aux enjeux de l’urbanisation qualitative et mis en évidence le fait que la présence d’une volonté politique permet de mettre en œuvre des mesures novatrices et efficaces en matière de densification urbaine qualifiée (et cela pas que dans des grandes villes). Par ailleurs, il apparait que les démarches les plus efficaces se caractérisent par une combinaison d’instruments règlementaires, stratégiques et de projet urbain favorisant la co-construction locale du concept de qualité urbaine et incitant les propriétaires à mobiliser leurs terrains. Finalement, le concept de partage des moins-values foncières et l’instrument de la concentration spatiale des droits de construction ont été discutés à la lumière d’un cas communal en tant qu’approche pertinente pour le redimensionnement des zones à bâtir dans le cadre de la révision de la LAT.
Conclusion et enseignements | Il apparait ainsi que, dans une perspective de développement urbain durable, les rôles respectifs des cantons et des communes doivent être réinterprétés en fonction de différents aspects de l’urbanisation. Si une centralisation en matière d’aspects quantitatifs (taille et répartition des zones à bâtir) est bénéfique en termes d’utilisation efficiente de la ressource sol, la proximité entre autorités communales et coalitions d’acteurs locaux favorise le consensus en matière de densification et de qualité urbaine.
El Hadji Moudo Macina
« Vaccines and Epidemics : Three Essays on Health Behaviour in Sub-Saharan Africa »
Jury de thèse : Prof. Laure Athias, Prof. Mathias Thoeni, Prof. Antonio Estache, Prof. Yanos Zylbert
Les maladies infectieuses peuvent être prévenues par des techniques de santé préventive efficaces et économiquement rentables, telles que la vaccination. Cependant, la demande pour les vaccins reste sous-optimale sur le contient, même lorsqu'ils sont fournis gratuitement. De la même manière que les mesures de santé publique, les vaccins font face à une résistance et une méfiance croissante des populations. Cette thèse contribue à combler le gap dans la recherche académique sur les causes, les mécanismes et les conséquences de ses comportements sur les performances de santé publique en Afrique sub-saharienne.
Adoptant une approche multidisciplinaire, combinant analyse économique, anthropologie culturelle et épidémiologie, et utilisant des techniques économétriques d’analyse multiniveaux et spatiales, cette thèse établit trois principaux résultats empiriques. Au niveau national, l’évolution de la confiance des populations dans les institutions publiques impacte positivement les taux de couverture vaccinale et prédit les différences de performance entre pays. Au niveau individuel, elle établit un lien de causalité entre la méfiance culturelle à l’égard de la médecine moderne et l’adoption des mesures de santé préventive comme la vaccination contre la rougeole, et argumente que les causes et mécanismes remontent à l’exposition historique à la traite négrière. Au niveau régional, elle démontre l’impact fondamental de la distance sociale et linguistique entre différents groupes ethniques sur le modèle de propagation spatiale de l’épidémie à virus Ebola en Sierra Leone.
En termes de politiques sanitaires, les résultats de cette thèse concluent premièrement dans le sens de choisir stratégiquement l'identité de l’entité publique promotrice des programmes et interventions de santé en fonction du niveau de confiance et de la perception de légitimité du publique. Cette approche est dans le sens de l’inclusion des communautés pour la pérennisation des effets attendus des politiques sur le long terme. Deuxièmement, ils démontrent que la demande est fonction des origines culturelles, à l'identité du personnel de santé impliquée, et à la nature de la technologie médicale utilisée. En conséquence, il existe des mécanismes d’allocation optimale du personnel médical et de choix des technologies préventives pour une demande optimale. Troisièmement, les résultats suggèrent de comprendre en amont les réseaux et dynamiques d’interactions sociales et de mobilité de la population pour améliorer la modélisation et la prévision de la propagation spatiale des épidémies, par conséquent la mise en œuvre stratégique, pour une meilleure efficacité sanitaire et moindre coût social et économique, d’interventions telles que la vaccination en anneau et les quarantaines.
En perspective, ce travail éclaire les enjeux et l’influence de la confiance publique dans les stratégies de contrôle des maladies transmissibles, désormais de la pandémie du COVID-19, et dans l’adoption de futurs vaccins. En outre, elle démontre l’impact culturel et les conséquences de long terme des chocs historiques sur les comportements et résultats contemporains de santé publique. En ce sens, elle fait écho aux récentes avancées en neurosciences sur la transmission intergénérationnelle des chocs traumatiques et leur impact sur la santé physique et mentale. Enfin, elle ouvre des perspectives sur les enjeux et défis des politiques de santé en société multiculturelle.
Olivier Mutter
« La mesure de la performance globale d’un événement sportif : le cas des Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver »
Jury de thèse : Prof. Jean-Loup Chappelet, Prof. Emmanuel Bayle, Prof. Alain Ferrand, Prof. Thierry Zintz
Nicolas Pauchard
Jury de thèse : Prof. Stéphane Nahrath, Prof. Laure Athias, Prof. Frédéric Varone, Prof. Valérie Boisvert, Prof. Gerd Winter
La thèse de Nicolas Pauchard propose une analyse empirique des stratégies des différents acteurs impliqués dans les processus complexes de valorisation des ressources génétiques par les techniques de la biotechnologie. De nombreuses règles encadrent ces processus. Nicolas Pauchard s’est concentré sur les règles issues des droits de propriété matérielle et intellectuelle ainsi que sur les règles issues du régime d’accès et de partage des avantages mises en œuvre à travers la Convention sur la diversité biologique et le Protocole de Nagoya.
Pim Verschuuren
« Les dispositifs d'alerte dans le sport international : performance et perspectives »
Jury de thèse : Prof. Jean-Loup Chappelet, Prof. Emmanuel Bayle, Prof. Denis Oswald, Prof. Sandra Charreire-Petit
Dans le secteur du sport international, les dispositifs d'alerte doivent permettre aux individus de signaler des irrégularités comme la corruption, le dopage ou les violences physiques. Leur nombre au sein du secteur s’est multiplié depuis 2015, alors que les pressions externes pour des réformes de gouvernance du sport international se sont considérablement accrues. Dans quelle mesure ces dispositifs suivent-ils une logique d’action symbolique, tournée vers la satisfaction de parties prenantes externes, ou une logique d’efficacité « réelle » avec une volonté sincère de protection de l’intégrité du sport ? De plus, l’omerta dans le milieu sportif peut réduire la propension des acteurs du sport à utiliser ces dispositifs. Quelle est donc leur performance ?
La recherche s’intègre dans les sciences de gestion du sport, et s’inspire de la littérature en éthique organisationnelle (business ethics) pour comprendre pourquoi, comment et avec quels résultats les organisations sportives internationales ont mis les dispositifs d’alerte en œuvre. La thèse est constituée de trois articles scientifiques, dont le premier propose une revue quantitative de la littérature sur les déterminants de l’alerte dans le contexte organisationnel. 123 articles scientifiques ont été identifiés. La comparaison de leurs résultats empiriques permet de distinguer plusieurs facteurs qui poussent un individu à signaler un fait répréhensible. En analysant dans quelle mesure ces facteurs sont présents ou non au sein du milieu sportif, l’hypothèse est émise que le milieu sportif n’est généralement pas propice à l’alerte.
Le deuxième article évalue la qualité intrinsèque des dispositifs d’alerte ainsi que leur promotion par les organisations sportives. Une synthèse de la littérature dans les secteurs privés et publics a permis de construire un questionnaire composé de 23 indicateurs adaptés au contexte du sport international. Ces questionnaires ont été remplis pour 45 organisations sportives à partir des informations publiques, et envoyés pour validation aux organisations dotées d’un dispositif. Ce travail montre que la majorité des dispositifs existants sont de faible qualité.
Le troisième article confronte ces premiers résultats au terrain. Cinq études de cas ont été réalisées, en utilisant notamment des entretiens avec les représentants d’organisations sportives internationales. Ajoutée aux recherches documentaires, l’analyse discursive thématique des entretiens indique que les facteurs de légitimité externe semblent déterminants dans la décision d’installer ces dispositifs, que peu de moyens ont effectivement été investis derrière ces dispositifs, et que leurs résultats sont perçus comme faibles. Les résultats montrent également que le statut juridique et les capacités matérielles et juridictionnelles des organisations sportives réduisent le potentiel d’impact des dispositifs d’alerte. Ainsi, cette thèse enrichit la littérature normative en gouvernance du sport en poussant l’analyse au-delà de la simple comptabilité des mesures de gouvernance mises en œuvre, et invite les futures recherches à explorer la qualité des réformes, leur intégration et promotion dans la réalité organisationnelle.